Chat perché [libre... ]

Melarorah était assise sur une branche à trois ou quatre mêtres du sol. Elle sifflotait doucement en maniant délicatement un petit poignard, pas très beau ni très décoré, mais extrèmement tranchant. Une harde de cerfs s'approcha et la jeune fille cessa de siffloter. Elle replia ses jambes et passa en position accroupie, appuyée d'une main sur le tronc de l'arbre.

*Venez à moi.*

Enfin un vieux mâle à la ramure impressionnante s'approcha de la branche sous laquelle était perchée la fille-dragon qui fit tourner son arme dans sa main.

Melarorah regarda Kamui avec un regard froid puis rangea son poignard dans une lanière qui pendait de sa centure et se laissa tomber à terre. Ou plus exactement elle plana, les deux ailes entr'ouvertes pour ralentir sa chute.

"Ce n'était pas mon repas." fit-elle en passant une main sur l'épée accrochée dans son dos. Elle ne la dégaina pas mais mit ses mains sur ses hanches.

"Mais c'est vrai que vous l'avez fait fuir."

La queue de Melarorah s'agita et s'enroula autour d'une touffe d'herbe qu'elle arracha.

"Que faites-vous ici ?"

"Je suis Melarorah et ni mon ascendance ni mon métier ne vous diraient rien."

L'homme ou plutot le dénommé Kamui avait l'air plutot interessé par ses ailes, situation tout à fait classique pour la jeune femme qui déplia soudainement l'une d'elle sous le nez du jeune homme. Son regard s'était rétréci et semblait dire c'est ça que tu regardes ?. Melarorah ne trouvait pas spécialement injurieux que quelqu'un fixe ses ailes ou ses cornes, consciente de ce qu'elle pouvait avoir d'étrange pour un humain conformé à peu près normalement, mais l'expérience lui avait appris que c'était un bon moyen de tester les étrangers. Ceux qui tombaient dans le panneau et prenaient la mouche finissaient généralement ligotés dans un coin, délestés d'une bonne part de leurs possessions terrestres.
Melarorah haussa un sourcil. Elle, un dragon céleste ? Quelle question ! Elle s'était souvent demandé si sa mère n'avait pas fauté avec quelqu'un d'autre que son père pour qu'elle-même se retrouve avec un pouvoir et une apparence si... excentriques, mais l'imaginer flirtant avec un monstre quelconque...

"Un assassin ?"

[Euuh... désolée du retard ? ]

L'insistance de Kamui à la tutoyer alors qu'elle-même faisait l'effort de le vouvoyer commença à agacer légèrement Melarorah.

"Vous n'êtes pas un humain alors." remarqua-t-elle en observant les ailes de Kamui.

"Si vous pouviez cesser de me tutoyer et répondre à ma question, je vous en serais extrèmement reconnaissante." fit-elle ironiquement.