Une visiteuse matinale

Kiiro inspecta l'homme d'un bref regard puis se permit un léger sourire, comme si elle approuvait la présence du majordome.

"Votre maître est là ? Parfait, annoncez-lui Madame Shuro."

Tandis que le domestique allait chercher son maître, Kiiro admirait la décoration de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Sans doute aurait-elle fini, par curiosité, par prendre un des livres de la bibliothèque, mais à cet instant-là Kal'Alzaroth entra et Kiiro interrompit son geste. L'homme ne semblait pas au meilleur de sa forme nota la jeune femme. Les temps étaient-ils durs pour les Fleurs du Mal ? Peut-être dans ce cas-là avait-elle mal choisi son camps...
La jeune femme s'inclina à demi pour le saluer.

"Veuillez me pardonner de vous déranger à une heure si matinale, seigneur."

Kiiro parlait en geisha par habitude et parce que l'expérience lui avait appris que la plupart des hommes appréciaient une telle attitude. La jeune femme se tut ensuite regardant Kal'Alzaroth avec un certain interet non dénué de respect.

Kiiro resta silencieuse un instant.

"Je désire entrer dans votre organisation." dit-elle finalement.

Elle ne savait pas trop comment on présentait ce genre de demande habituellement et décida d'aller droit au but. Son temps, tout comme celui de son interlocuteur sans doute, était précieux.

Kiiro haussa un sourcil, légèrement surprise par les paroles de Kal'Azaroth, tout en songeant que pour la choquer, il en faudrait tout de même beaucoup...

"Veuillez pardonner mon ignorance, mais j'ignore ce que sont le Culte du Dragon et la Rose Noire. J'en ai entendu parler mais personne n'a su m'expliquer de quoi il s'agissait."

A priori, Kiiro n'était pas contre, mais elle attendit d'en savoir plus pour se prononcer.

Une religion... La dernière fois que Kiiro avait approché un adepte d'une croyance quelconque, sur un autre continent, des années auparavant, celui-ci avait tenté de convaincre la courtisane des bienfaits de la... chasteté. Inutile de dire que Kiiro lui avait ri au nez. Aussi se permit-elle un léger sourire.

"Quel impact le Culte du Dragon pourrait-il avoir sur ma vie ? Nécessite-t-il une... attitude sécifique ?" demanda-t-elle, par curiosité.

Elle nota qu'il pourrait être interessant et utile de rencontrer ce Kenzi.

Cette religion semblait interessante mais là n'était pas le but premier de la visite de Kiiro. Elle y réfléchirait plus tard. La jeune femme se détourna de son interlocuteur et fit quelques pas vers la fenêtre dont elle écarta légèrement un rideau pour regarder au dehors un bref instant avant de reposer son regard doré sur Kal'Alzaroth.

"Vous m'avez dit il y a un instant que vos portes étaient ouvertes à toutes et à tous. N'avez-vous aucun critère d'admission ?"

La question de la geisha sous-entendait : Que dois-je faire pour entrer parmis vous ?

Kiiro retint qu'elle avait été jugée suffisamment interessante et d'un caractère plutot sombre. Si la deuxième information n'était pas une surprise pour elle, en revanche la première l'intrigua.

"Je n'ai pas coutume de me comporter en girouette. Ma loyauté, une fois acquise, est sans faille et entrer dans votre organisation ne me fera pas changer.
Au fait, que risque-t-on à quitter les Fleurs du Mal ?" fit-elle avec un sourire.

[hrp : vi je vois ça ^^]

Kiiro fronça les sourcils brièvement en voyant l'expression de Kal'Alzaroth. La jeune femme fit un pas vers lui. C'était typiquement le genre de comportement qui lui donnait envie de défier, de se confronter... ou tout simplement de séduire son opposant (courtisane un jour, courtisane toujours \o/).

"Je vois que pour l'obscurité du caractère, vous n'avez guère à m'envier, semble-t-il." constata-t-elle simplement, sans pouvoir réprimer un léger sourire ironique.
Puis elle détourna le regard. Elle n'était pas venue pour provoquer qui que ce soit se répéta-t-elle. Ni pour se faire des ennemis au sein de son nouveau "clan".

"Veuillez pardonner mon impolitesse.
Je sais que je ne peux vous le prouver, mais jamais l'organisation n'aura à se plaindre de mes agissements. Ni ses membres. Je vais sans doute vous paraitre bien curieuse, mais sommes-nous nombreux en cette ville ?"

Kiiro inclina la tête pour remercier.

"Merci de votre proposition, mais mon métier nécéssite malheureusement une certaine... indépendance." fit-elle doucement en retenant un sourire.

"Mais je ne dis pas que je me laisserais pas aller à utiliser votre salle de torture ou vos écuries.
Quand pourrais-je voir ce monsieur Kenzi dont vous m'avez parlé ?"

Kiiro joignit ses manches et s'inclina à demi.

"Bien. J'ai appris tout ce que je voulais savoir aussi ne vais-je pas vous importuner plus longtemps. A moins que je ne doive savoir autre chose à propos des Fleurs du Mal ?" fit-elle en se permettant de lancer un regard interrogateur à Kal'Alzaroth.

Kiiro sentit une sorte d'excitation l'envahir. Elle avait l'impression d'avoir plus fait en cinq minutes pour se rapprocher de son but qu'en dix ans auparavant et c'était un sentiment très exaltant, presque enivrant. Elle appuya une main contre sa poitrine pour réfréner les battements de son coeur. Tout n'était plus maintenant qu'une question de temps...

"A vous aussi seigneur."

*Que je puisse un jour vous exprimer ma gratitude...* songea-t-elle brièvement.

La jeune femme se dirigea vers la porte de la salle puis se retourna, le temps que le domestique arrive et ouvre la porte d'entrée. Pour la première fois depuis le début de l'entretien, Kiiro sourit avec sincérité à l'héritier Draconigena.

"Au revoir."